Les géants de la distribution américaine, dont Walmart et Costco, se tournent vers l’Inde pour compenser la hausse des droits de douane sur les importations de vêtements en provenance du Bangladesh et de la Chine. Toutefois, une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans des centres textiles comme Tiruppur limite les capacités à répondre à cette demande croissante.
L’Inde bénéficie d’un avantage tarifaire sur le marché américain
Les détaillants cherchent à augmenter les exportations de vêtements indiens alors que de nouveaux tarifs douaniers américains, applicables à partir de juillet, imposent des droits de 37 % au Bangladesh, 46 % au Vietnam et 145 % à la Chine. Avec un taux de 26 %, l’Inde devient plus compétitive, ce qui entraîne une hausse des demandes, notamment à Tiruppur, une ville qui représente près d’un tiers des 16 milliards de dollars d’exportations indiennes dans le secteur de l’habillement.
Des obstacles liés à la main-d’œuvre et à la fragmentation du secteur
Malgré cet engouement, l’Inde est confrontée à des défis majeurs. Les usines de Tiruppur peinent à se développer en raison du manque de travailleurs qualifiés, de coûts élevés et de la petite taille des installations. Les fabricants signalent une rotation élevée de la main-d’œuvre, attirée par des ateliers informels mieux rémunérés. Raft Garments, par exemple, envisage l’automatisation mais manque de personnel pour répondre aux nouvelles commandes.
Points de vue d’experts : capacité et coûts comme principaux freins
« Même si les commandes arrivent, nous avons besoin de main-d’œuvre. Nous n’en avons pas suffisamment. »
– R.K. Sivasubramaniam, Directeur général, Raft Garments
« Nous avons besoin d’au moins 100 000 travailleurs. »
– Kumar Duraiswamy, Association des exportateurs de Tiruppur
Les clients américains insistent pour obtenir des prix similaires à ceux du Bangladesh, ce que les exportateurs indiens ont du mal à proposer en raison de salaires plus élevés (180 $/mois contre 139 $/mois au Bangladesh) et de réglementations plus strictes sur le temps de travail. Mahesh Kumar Jegadeesan, de Balu Exports, confirme que les négociations sont tendues.
Perspectives du marché : les limites de capacité de l’Inde
En 2024, l’Inde a exporté pour 4,7 milliards de dollars de vêtements vers les États-Unis, loin derrière la Chine (16,5 milliards), le Vietnam (14,9 milliards) et le Bangladesh (7,3 milliards). Les usines indiennes emploient en moyenne entre 600 et 800 personnes, contre 1 200 au Bangladesh. Les leaders du secteur cherchent donc à ouvrir des usines dans des États où la main-d’œuvre est plus abondante.
L’Inde saura-t-elle transformer cet avantage tarifaire en succès durable ?
Avec l’intérêt croissant des distributeurs américains, l’Inde a une opportunité unique de renforcer sa position dans le textile mondial. Mais sans progrès structurels dans l’accès à la main-d’œuvre et à l’échelle de production, ses exportations de vêtements indiens risquent de décevoir les attentes.